La vie a fait que ma toute petite soeur et moi avons passé un peu moins d'un an avec mes grand-parents Aubin. J'avais six ans. Jusqu'à cette journée étrange où mon père nous a débarquées chez ses parents, j'avais eu la chance de passer mes premières années auprès de ma mère. Une mère qui savait comment souffler sur les braises de ma créativité et ma spontanéité d'enfant. Une mère que je sentais vraiment là pour qui j'étais.
Être déportée dans une autre ville, chez des grand-parents très différents de ce que je connaissais, parceque ma famille venait d'éclater, a été une période très étrange de ma vie. Une période où les rares visites de ma mère et de mon père, chacun leur tour, me laissaient sentir que quelque chose de très triste se passait, sans que je ne puisse encore saisir toute l'ampleur de ce qui se démantelait dans ma vie. Une période où, du haut de mes six ans, je sentais que ma mère portait un grand chagrin, que mon père était derrière un grand bouclier et qu'ils étaient tout deux trop abimés par ce grand vent pour être là pour nous. Ma grand-mère prenait bien soin de ma soeur et moi. Elle voyait à ce que nous soyons nourries, vêtues, lavées, etc. L'éducation de ma grand-mère étant très différente de celle de ma mère, les câlins et la chaleur humaine nétaient plus aussi présents et tangibles qu'ils l'avaient été dans mon quotidien auprès de ma mère. Mais j'ai eu un grand privilège. Vivre avec grand-papa Lucien mettait de la couleur dans ma vie.
Je me souviens comment je me sentais protégée lorsqu'il est venu me reconduire à ma nouvelle école, en plein milieu des classes. Il semblait connaître tout le monde, la direction, les profs. J'étais bien auprès de cet adulte qui entrait si facilement en contact avec les gens.
Je me souviens aussi de comment il m'a appris à patiner. Au grand dam de ma grand-mère, mon apprentissage du patin à glace a commencé sur le tapis de leur petit salon de l'est de Montréal. Il se faisait chicaner et curieusement, ça me faisait encore plus apprécier qu'un adulte se mette dans cette situation pour l'enfant que j'étais. Une fois solide sur mes patins (sur le tapis!) il avait recruté deux jeunes garçons (qui à mes yeux de 6 ans avaient l'air tellement grands!) afin qu'ils tiennent chacun leur bout d'un bâton de hockey. Et moi j'étais au milieu, à bien me tenir au bâton de hockey. Encore une fois, je me sentais entourée et soutenue. Protégée. Tout irait bien.
Puis la vie m'a remis auprès de mes parents. Les premières années avec mon père, ensuite avec ma mère. Mais ça, c'est une toute autre histoire...
Ce matin, c'est de Lucien Aubin dont je veux me rappeler.
Cet homme qui malgré sa toute petite scolarité a toujours osé être différent et a souvent essayer de nouvelles choses. C'était un homme impliqué et visionnaire.
Il est décédé quand j'avais 10 ou 11 ans.
Depuis, ma mère a souvent répondu à mes questionnements. J'avais besoin d'en savoir plus sur lui. C'est à travers elle que j'ai compris un peu plus qui il était.
Hier je lisais le blogue d'un ami qui racontait ses derniers moments avec son grand-père, les vérités et les regrets qu'il lui avait partagés. J'aurais aimé avoir cette chance.
Aujourd'hui, je suis une fois de plus devant un appel de la Vie à sortir de ma zone de confort, à me dépasser. À travers les émotions contradictoires qui se bousculaient en moi ce matin, j'ai soudain senti sa présence, son inspiration. Lucien était à mes côtés.
Ose ma belle, ose.
Sois toi, peu importe ce que les autres en pensent.
Wow! Un allié qui me fait vraiment beaucoup de bien!
Merci Lucien.
Merci pour ce que tu as été et merci de continuer à être là.
Je t'aime.