jeudi 1 décembre 2011

Intimidation et société.

Nos jeunes ont mal.  On parle d'intimidation depuis plusieurs jours dans les médias.  Des rencontres-conférence au niveau de la cyber-intimidation ont même été organisées pour les parents des écoles secondaires de la région.
J'écris cet article en écoutant un entretien télévisé avec la mère d'une victime d'intimidation, une jeune fille de 15 ans qui a mis fin à sa vie il y a quelques jours.
Je ne sais trop comment mettre mes idées, mes opinions et mon ressenti en ordre afin de bien vous l'exprimer.
La balle passe d'un camp à l'autre.  Est-ce la faute des parents?  Des écoles?  Des commissions scolaires?  D'Internet?  Des budgets?  Des jeunes?  J'pense que le bobo est bien plus profond que ça.  On est TOUS responsable.  La société est responsable.
Et la société.... ben c'est nous.
On fait quoi maintenant?

J'écoute et je lis les commentaires, j'observe ce que tout ça éveil en moi et je remarque que d'une personne à l'autre, la façon de voir "ce qui serait le mieux" est aussi variée que sont les personnalités de chacun.  De là où je suis, j'ai envie de dire que le plus grand secret est d'oser faire les choses différemment et d'être présent, chacun à notre manière.
On a souvent une étrange façon de voir et de classer les ados.  Juste l'étiquette "ado" apporte sa propre lourdeur...
Dans l'entrevue que j'écoutais il y a qq minutes, la mère de la jeune fille expliquait que sa fille de 15 ans ne voulait plus aller à l'école.  Elle mentionne aussi qu'elle voulait finir son secondaire.  Quel avait un but.  Et là, je l'entend dire que l'école, suite aux absences répétées de la jeune fille, menaçait de mettre la DPJ sur son cas si elle ne réintégrait pas l'école.  BEN VOYONS DONC!!!!!!!!
Encore une fois, notre société a tellement peur des gens qui font les choses différemment.  Si une élève reste chez-elle parceque son équilibre est grandement atteint par ce qu'elle subit à l'école et ce, même si l'école a été informée des problèmes vécus par la jeune, m'semble que ça pourrait être une solution très très logique que, pour un bout de temps au moins, elle puisse faire son apprentissage scolaire de la maison.  Bout de criss!!!!! J'connais des jeunes de cet âge qui partent dans le sud avec leurs parents pour de nombreuses semaines et qui apportent avec eux leurs modules de cours afin de ne pas être trop en retard académiquement à leur retour en classe.  J'entend qu'on peut le faire pour des vacances ou des voyages mais pas pareceque l'environnement scolaire est en train de tuer à petit feu un élève???????
Je vous avoue qu'il y a quelques années, à la fin de son secondaire 1,  j'ai accepté qu'une de mes filles passe deux ans à la maison, à avancer sa scolarité à sa façon (avec mon accompagnement).  Sur ces deux ans, une année a été consacrée à de la récupération majeure en certaines matières tandis que la deuxième a été une année sabatique au niveau scolaire.  Résultat, j'ai vu ma fille éclore et s'épanouir de façon extraordinaire et se faire une belle place parmi les gens bien intéressants de notre village.  Combien de fois me suis-je faite dire "Mon dieu que ta fille a l'air bien!"  "Elle a tellement changé!  Je ne l'avais pas reconnue!"  Oui sa progression académique a été, "selon la norme", hypothéquée par cette année de relâche scolaire.  Mais moi, comme parent, je peux vous dire que lorsque mon enfant a décidé d'elle même qu'elle voulait retourné à l'école et qu'elle l'a réintégré dans un programme qui lui laissait de l'espace pour être aussi un humain, pas juste un mouton qu'on brainwash parceque les dieux-adultes-enseignants-dirigeants croient être plus hauts que les jeunes à qui ils enseignent, je savais que ces deux années avaient porté fruit.  J'aurais pu lui dire lorsqu'elle m'a demandé d'essayer la scolarisation à domicile que ça ne se faisait pas, que la commission scolaire ne voulait pas, que la DPJ viendrait la kidnapper, que des sabots lui pousseraient et qu'elle deviendrait complètement inapte pour la société.  J'aurais pu.  J'aurais pu succomber à mes peurs et à mes doutes.  Mais maintenant, je la regarde cheminer sa vie et je suis heureuse d'avoir oser prendre un chemin hors des sentiers battus.  Heureuse de m'être fait confiance en tant que parent et de lui avoir fait confiance en tant qu'humain.
Et je vous fait une confidence.....  Dans un petit coin de mon coeur, il y a quelque chose qui me dit que si elle n'avait pas eu ces deux années pour reprendre son souffle, calmer ses tempêtes intérieures et retrouver la magnifique confiance en elle qu'elle avait toute petite et que j'ai vu se désagréger peu à peu au fil de sa scolarité de la 1ère année à la fin du secondaire 1, ma fille aurait pu devenir une de ces personnes qui FONT de l'intimidation.  Et ça n'aurait pas été parceque'elle était un monstre.  Ça aurait été parceque les adultes l'entourant auraient insisté pour qu'elle se moule au système sans voir si cette façon était la meilleure pour elle, sans lui offrir la flexibilité que son être tout entier réclamait.
Je vous raconte tout ça non pas pour dire que les intimidateurs sont des "pauv pit" à qui il faut pardonner parcequ'ils n'ont pas été écoutés, mais pour vous dire que comme société, on a des questions sérieuses à se poser.  Et pas juste des questions à se poser.....  des décisions à prendre. Il est grand temps qu'on arrêtre de penser que la société c'est une genre d'entité suprême qui va nous prendre par la main et nous montrer quoi faire.  La société c'est MOI, c'est TOI, et TOI, et TOI aussi, et VOUS TOUS itou.  Et même EUX!  La société ça commence dans le coeur de tous et chacun. 
Je sais que de moi à moi, j'ai des choses que je veux changer dès maintenant.
Les petits gestes peuvent avoir beaucoup d'impact.  Que ce soit des gestes empreints de gentillesse, de méchanceté, d'indifférence, de peur ou de contrôle.  Et vous?  Quels genre de gestes peuplent vos journées?  Pis j'parle pas juste des gestes envers ceux que vous aimez bien....
Bonne réflexion.
J'vais faire de même de mon bord et ensuite m'assurer que je marcherai mon chemin à la lumière qu'apporteront ces nouvelles prises de conscience que je ferai!
À bientôt!

6 commentaires:

Marico Renaud a dit…

Wow! Que je suis fière de toi! Et de ma magnifique petite-fille qui a su grandir à sa manière, parce que sa maman l'appuyait! Permets-moi svp d'en parler sur mon blogue et de diriger mes amis vers le tien. Bisous

Marie-Terre a dit…

Bien sûr que tu peux le faire circuler. Ça me fait plaisir!

Barbe blanche a dit…

Je viens te lire et me revient en mémoire cette phrase qui dit :"Ça prend tout un village pour éduquer un enfant" et je me souviens du temps de mon enfance, les parents, les oncles, les tantes, les voisines et les voisins pouvaient réprimander un enfant, sans être poursuivi, il en était même remercier par les parents qui n’hésitaient pas à prendre la relève.
Bon, je suis d'un sans gène, j'arrive de chez Marico,et voilà t'y pas, que je me mêle à la conversation, comme au temps de mon enfance...
Ce billet,m'interpelle tellement, merci de l'avoir écrit.

Marie-Terre a dit…

Merci Barbe blache!
Je suis ravie que tu te mêles à la conversation! :)
Et oui, ça prend tout un village pour éduquer un enfant. Pour le féliciter aussi, pour le soutenir, pour lui sourire, pour l'encourager et pour l'aider à se réenligner quand il dérape! Soyons un village soutenant!

Anonyme a dit…

Votre démarche a constitué un atout dans le développement de votre fille. Pour quelqu'un d'autre, peut-être aurait-il fallu choisir une autre voie. Je l'ignore.

Vous avez raison aussi de dire que trop de gens dans le domaine scolaire finissent par se croire plus importants ou plus intelligents que les étudiants. Pire, plusieurs croient détenir la vérité quand ils s'adressent à des gens qui bossent ailleurs que dans le système scolaire.

D'un autre côté, une simple entrevue à la télé, même s'il s'agit de la mère d'une étudiante s'étant enlevé la vie, ça ne suffit pas pour conclure quoi que ce soit en ce qui concerne cette adolescence. Il se passe bien des choses dans l'esprit d'un(e) ado, des pensées et des interprétations non cartésiennes. Il m'apparaît aussi difficile de comprendre qu'une mère qui a perdu son enfant souhaite participer à une entrevue télévisée. Je demeure perplexe face aux émissions qui n'ont rien à voir avec l'information mais tout avec le spectaculaire et les faux scandales.

Ainsi, je ne me prononcerai pas sur ce cas particulier mais dans les grandes lignes, je considère que le contenu de votre billet pourrait servir de base à une réflexion commune.

Accent Grave

Marie-Terre a dit…

Loin de moi d'essayer de conclure quoi que ce soit en ce qui concerne le cas de cette adolescente et sa famille. La plus grande leçon que j'ai appris à date dans mon rôle de mère de quatre enfants, c'est qu'il y a autant de façon de voir la vie et l'éducation qu'il y a d'enfants et de famille.
Merci de votre commentaire!